5 choses que vous ignorez (peut-être) sur le clitoris

En France, en 2018, 40 % des collégiennes ignorent qu’elles ont un clitoris. Et 20 % des femmes majeures de 18 à 58 ans ne savent pas où se trouve le leur. Des chiffres désolants qui justifient à eux seuls que Julie Azan, professeure de Sciences de la Vie et de la Terre, consacre un livre entier à cet organe encore trop méconnu : "Le clitoris, c’est la vie" (éd. First), dont voici quelques enseignements.
E.R.
5 choses que vous ignorez (peut-être) sur le clitoris

1. Toutes les femelles mammifères ont un clitoris

Le clitoris n’est pas l’apanage des humaines, bien au contraire : toutes les femelles mammifères en possèdent un. Pour autant, la nature aimant la diversité, ils sont loin d’être identiques. Ainsi, le gland de certains singes femelles mesure 5 cm (contre environ 4 mm chez les humaines) et le clitoris de la hyène tachetée…20 cm –à tel point qu’on le confondit longtemps avec un pénis.

2. Cléopâtre était excisée

On date les origines de l’excision (ablation partielle ou totale du clitoris et/ou des petits lèvres) entre 5000 et 6000 ans avant Jésus-Christ. Née dans la vallée du Nil, elle a été observée sur de nombreuses momies, dont celles de Cléopâtre et de Néfertiti. L’infibulation (rétrécissement de l’orifice vaginal par suture de la vulve) naquit, elle, en Ethiopie, en Somalie, en Erythrée, et dans la vallée du Nil, contaminant d’autres pays comme le Tchad à l’Ouest et le Yémen à l’Est, au fil de la route des caravanes, des déplacements des marins et du commerce transsaharien. Des origines qui ne doivent pas faire oublier qu’en Occident, aussi, l’excision a été pratiquée de la fin du XVIIIème siècle jusque dans les années 60. Dite «thérapeutique », celle-ci était censée « combattre la masturbation, la nymphomanie, et même l’hystérie, l’épilepsie ou encore la lascivité » dans les pays protestants (Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne…). Aujourd’hui, en France, l’excision est passible de 10 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende (art. 222-9 du Code pénal). Mais dans le monde, chaque jour, 8000 femmes sont excisées.

3. Le clitoris contient 6 types de récepteurs différents

Le clitoris contient 15000 récepteurs sensoriels, qui réagissent à des stimulations différentes selon leur type :
- les corpuscules de Meissner (toucher léger)
- les terminaisons nerveuses (douleur et température)
- les disques de Merkel (« perception tactile à haute résolution »)
- les corpuscules de Ruffini (pressions et étirements de la peau)
- les corpuscules de Pacini (vibrations et pressions)
- les bulbes de Krause (froid)

4. 90 % du clitoris est invisible

On le pense souvent minuscule…mais c’est tout l’inverse. Si la partie visible du clitoris (corps et gland) mesure environ 2 cm de longueur pour 1 cm de diamètre, sa partie interne, semblable à une grande pince, est bien plus étendue. Ses deux piliers, situés vers l’arrière, font 10 à 12 cm de longueur, ses bulbes vestibulaires –qui entourent le vagin- de 3 à 5 cm.

Un schéma du clitoris.
© Editions First

5. Avant 1998, on ne le représentait pas dans sa totalité

Bien que le médecin et philosophe Hippocrate évoque l’existence du clitoris dès 400 avant Jésus-Christ il a fallu attendre 1998 pour que son anatomie soit entièrement modélisée, avec sa partie interne. Il faut dire que la « nymphè » -surnommé ainsi par le médecin grec Soranos d’Ephèse en référence au fait que les lèvres le dissimulent telles le voile d’une mariée- n’apparaîtra qu’au milieu du XVIIème siècle dans la littérature médicale, puis dans les manuels conjugaux. S’ensuivent deux siècles de répression religieuse et culturelle contre la masturbation, durant lesquels le clitoris sera considéré comme un organe inutile, l’orgasme féminin n’étant pas nécessaire à la reproduction. Tout simplement effacé de la 25ème édition du Gray’s Anatomy (1948), « ouvrage incontournable de l’anatomie humaine », le clitoris ne sera représenté dans son intégralité qu’en 1998 par le Dr Helen O’Connell, une urologue australienne, grâce à ses observations in vivo de l’organe par le biais de l’imagerie médicale. Il faudra ensuite attendre 2017 pour qu’il apparaisse de façon complète dans un manuel scolaire (éd. Magnard).

La couverture du livre Le clitoris, c'est la vie.

Découvrez d'autres informations au sujet du « bouton de rose » dans le passionnant Le clitoris, c'est la vie ! (éd. First) de Julie Azan.

le 19/04/2018