La reprise serait-elle misogyne ? Le réveil de l'activité et l'accélération des créations d'emplois profitent nettement plus aux hommes qu'aux femmes, si l'on en croît les derniers chiffres publiés par Pôle Emploi. Depuis le début de l'année 2017, le nombre de demandeurs masculins inscrits en catégorie A a baissé de 3,5%, tandis que celui de leurs collègues femmes augmentait de 0,9%. Une tendance qui se retrouve implacablement pour chaque catégorie d'âge. Chez les chômeurs de 50 ans ou plus, le nombre d'hommes inscrits a baissé de 0,9%, tandis que celui des femmes s'est accru de 1,9%.

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L'inégalité est également flagrante en prenant en compte les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité réduite. Sur un an, le nombre d'hommes inscrits dans une des trois catégories A, B, ou C a augmenté de 0,2%. Mais celui des femmes s'envole de 3,9%.

La reprise préfère les hommes

Les raisons? "Les hommes ont été plus durement touchés que les femmes par la crise de 2008, qui a notamment détruit des emplois dans la construction et l'industrie. Inversement depuis 2015, ils profitent davantage du retournement de la conjoncture dans ces secteurs", commente un expert au ministère du Travail. D'autant que ces secteurs traditionnellement masculins sont particulièrement gourmands en main d'oeuvre.

Un effet conjoncturel auquel s'ajoute un phénomène structurel de discrimination par le sexe et par l'âge. "Avec leurs carrières davantage en pointillés que celles des hommes, les femmes ont plus de mal à retrouver un job lorsqu'elles se sont interrompues pour élever leurs enfants par exemple. Celles qui sont âgées de plus de 50 ans subissent la double peine", relève Bruno Ducoudré, spécialiste du chômage à l'OFCE.

Dernière explication : le chômage de longue durée touche davantage les femmes. Or le nombre d'inscrits à Pôle Emploi depuis plus d'un an continue de progresser rapidement (+6,5% par rapport au premier trimestre 2017). Rien d'illogique : lors des phases de redémarrage des embauches, ce sont les chômeurs les plus qualifiés et les moins éloignés de l'emploi qui retrouvent un job le plus facilement. Les femmes se retrouvent là encore désavantagées.

Une pierre de plus dans le jardin des inégalités hommes-femmes

Cette inégalité face à la reprise a également été repérée par l'Insee, qui calcule chaque trimestre le taux de chômage officiel de la France en interrogeant un panel évolutif de 100 000 personnes. Si ce dernier a bien reflué, la baisse est deux fois plus importante pour les hommes que pour les femmes. Le taux de chômage des femmes a ainsi reculé de 0,6 point (passant de 9,9% à 9,3%) entre 2012 et 2017 alors qu'il a chuté de 1,3 points (de 10,8% à 9,5%) sur la même période pour les chômeurs de sexe masculin.

"Depuis le début de la reprise en 2015, nous voyons que la situation de l'emploi s'améliore plus pour les hommes", conclut le chef de la division conjoncture de l'Insee Sylvain Larrieu. Un chantier de plus pour le chef de l'Etat qui a souhaité faire de la lutte pour l'égalité homme-femme un marqueur de son quinquennat.

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