C’est un large panorama chiffré sur la population médicale que dresse une étude, rendue publique vendredi 4 mai par la Drees, un organisme statistique rattaché au ministère de la santé. Tour d’horizon en cinq questions

Le nombre de médecins est-il en baisse en France ?

Clairement non. Depuis 2012, le nombre total de médecins a progressé de 4,5 %. En 2012, on en recensait 216 760 contre 226 470 au 1er janvier 2018. Parmi eux, on dénombre 102 600 généralistes et 123 870 spécialistes. Parmi ces derniers, les effectifs les plus importants sont constitués par la psychiatrie (6,8 % des médecins), l’anesthésie-réanimation (5,1 %), le radiodiagnostic et l’imagerie médicale (3,9 %). Un peu plus de la moitié des médecins (57 % du total) sont des libéraux : 46 % travaillent uniquement en libéral et 12 % ont un exercice mixte (salarié et libérale). Et un peu moins de la moitié (44 %) travaillent à l’hôpital.

Est-ce une population vieillissante ?

Le docteur tricolore est plus proche de la retraite que des amphis de la fac. La moyenne d’âge des médecins en France est de 51,2 ans mais presque la moitié d’entre eux (47 %) sont âgés d’au moins 55 ans. L’étude précise, à titre de comparaison, que c’est le cas de seulement 18 % des cadres et professions intellectuelles supérieures.

Un tiers des médecins est âgé d’au moins 60 ans. Cette situation s’explique par l’évolution du numerus clausus, c’est-à-dire le nombre d’étudiants autorisés à passer en deuxième année de médecine. Si l’âge moyen des médecins est élevé, c’est que les générations actuellement proches de la retraite sont issues des numerus clausus élevés des années 1970. À l’époque, celui-ci était de 8 000 places tandis que les générations suivantes ont connu des numerus clausus plus bas (inférieurs à 4 000 dans les années 1990).

La profession s’est-elle féminisée ?

Parmi les 8 600 médecins qui se sont inscrits à l’Ordre en 2017, 59 % étaient des femmes.

Cette féminisation, progressive, n’a pas encore permis de dépasser les hommes, en effectif total. Sur l’ensemble des médecins, on recense 46% de femmes. Mais ce n’est qu’une affaire de quelques années : les femmes sont déjà plus nombreuses parmi les praticiens de moins de 50 ans.

La France compte-elle toujours autant sur les médecins à diplôme étranger ?

Cela fait des années que des médecins, formés en dehors de la France, font tourner des hôpitaux en panne de main-d’œuvre et qui, sans ces renforts précieux, auraient dû fermer boutique. Ces médecins, au statut parfois encore très précaire, sont devenus indispensables au système de santé français. À l’hôpital comme en libéral dans certains déserts médicaux.

Aujourd’hui, 11% des médecins, exerçant en France, ont obtenu leur diplôme à l’étranger. Ce qui est le cas, aussi, de 15% des praticiens inscrits à l’Ordre en 2017.

Combien de Français vivent dans un désert médical ?

En 2016, 98 % de la population accède à un médecin généraliste en moins de 10 minutes. Et moins de 0,1 % de la population, soit 52 000 personnes environ, doit parcourir un trajet de 20 minutes ou plus en voiture pour consulter un généraliste.

« La distribution des temps d’accès au médecin généraliste est similaire à celle observée pour les principaux services de la vie courante », souligne l’étude. Pour donner une vision plus précise du problème, les auteurs ont mis au point un indicateur d’accessibilité potentielle localisée (APL) en prenant en compte la disponibilité de l’offre médicale et les besoins de soins de la population. Résultat : en prenant en compte le seuil de 2,5 consultations par habitant et par an, 8,6 % de la population (près de 5,7 millions de personnes) résident en 2016 dans une commune sous-dense en médecins généralistes.