Michelle Obama a appelé samedi les femmes à ne pas attendre une candidate miracle qui «nous sauverait», laissant entendre à nouveau qu'elle ne comptait pas se présenter à la présidence des États-Unis, lors de la conférence United State of Women à Los Angeles.

L'ex-première dame a été accueillie comme une rock-star par un parterre de plus de 5000 personnes, presque toutes des femmes, lors de cette conférence qui dure jusqu'à dimanche.

«Ça n'a pas d'importance qui se présente », a-t-elle déclaré sur la scène du théâtre Shrine, appelant chaque femme à agir sans attendre dans sa famille, à son travail, dans sa communauté pour faire avancer la cause des femmes.

« Je ne suis pas si différence d'Hillary » Clinton, l'ex-candidate démocrate battue par le républicain Donald Trump, a-t-elle ajouté.

Une majorité de femmes blanches ont voté pour Donald Trump à la dernière élection.

«Au vu de notre dernière élection, à quoi peuvent rêver les jeunes filles si nous en sommes encore là? Si les femmes sont toujours méfiantes les unes envers les autres? Si nous ne sommes pas à l'aise avec l'idée d'une femme présidente comparé à «.... a-t-elle élaboré, faisant allusion à l'actuel président américain.

«La question ce n'est pas cette personne qui nous pensons va nous sauver», assure-t-elle, «car si cette personne échoue à changer le monde, alors on pourrait se dire que tout combat vers plus d'égalité doit s'arrêter».

«C'est comme dire: "oh on a voté pour Barack Obama et il n'a pas mis fin au racisme"», a-t-elle dit à propos de son époux l'ex-président.

L'avocate et auteure de 54 ans a rendu hommage à la jeune génération de militants comme les lycéens qui ont survécu à la tuerie de Parkland, ainsi qu'à ses parents, qui l'ont écoutée, ont respecté ses opinions, traitée comme son frère et lui ont parlé comme à une adulte dès un très jeune âge.

Avant elle, la fondatrice du mouvement #metoo qui dénonce les violences sexuelles, Tarana Burke, a aussi été particulièrement ovationnée, lorsqu'elle a affirmé que le temps de passer à l'action était venu pour les défenseurs des victimes de ces abus.

Nouveau système de castes

«Le travail qui doit avoir lieu maintenant, c'est: qu'est-ce qui se passe une fois qu'on a dit #metoo», a-t-elle lancé.

«Que ce soit les agressions sur les campus universitaires ou les abus sexuels contre des enfants ou le travail sur le harcèlement sexuel, nous devons passer de la conversation à l'action», a-t-elle ajouté.

«Une fille sur trois et un garçon sur cinq va être victime d'abus sexuel d'ici leur 18e anniversaire», a de son côté fait valoir l'ex-championne de gymnastique Jeanette Antolin, dénonçant une «épidémie» de crimes sexuels pédophiles, aux côtés de trois autres ex-sportives de haut niveau agressées par le médecin Larry Nassar dans l'un des scandales les plus retentissants de l'histoire du sport aux États-Unis.

«De plus en plus de femmes parlent et sont crues, mais il y a encore un long chemin à parcourir», et il est «crucial de mettre face à leurs responsabilités ceux qui ont commis des abus (sexuels), les ont permis ou ont fermé les yeux», a renchéri la gymnaste olympique Aly Raisman, une autre victime.

Lors de la conférence, la vedette d'Hollywood et militante Jane Fonda s'est pour sa part insurgée contre la politique de lutte contre la drogue du gouvernement américain, intransigeante pendant longtemps pour les consommateurs de faibles quantités de drogues douces comme le cannabis. Elle a estimé que cette «guerre contre la drogue a été intentionnellement conçue pour instituer un nouveau système de castes raciales».

Cette politique s'est traduite par l'arrestation de milliers de jeunes hommes noirs pendant des décennies, contrôlés pour possession de drogue ou cannabis, des délits «presque ignorés s'ils sont commis par» des blancs.

Cette politique a entraîné «un bond de la population carcérale américaine de 500 000 personnes en 1980 à plus de 2,5 millions aujourd'hui», essentiellement des personnes de couleur, a martelé la vedette de 80 ans oscarisée.

Les femmes aussi sont concernées, souligne-t-elle, et représentent «la population carcérale à la plus rapide croissance aux États-Unis».