Quand on pense à Mai 68, on revoit les incendies, les manifestations, les parpaings jetés contre les universités, on entend les slogans, "il est interdit d'interdire", les sirènes de police, et la détresse des ouvrières et ouvriers français.
Ce que l'on perçoit moins en revanche de cette époque, ce sont les témoignages de celles qui ont vécu cette révolution de l'intérieur, tout en n'y prenant pas forcément part. Ce sont celles qui ont subi, plus tard, des abus sexuels de ces anciens révolutionnaires. Ce sont celles qui ont manifesté pour leurs droits, qui se sont rebellées contre les hommes, maîtres de toutes les assemblées générales.
Cinquante ans après cette révolution de printemps, plusieurs maisons d'éditions tentent de rattraper le temps perdu, de raconter mai 68 à travers de nouveaux points de vue. Voici notre sélection.
"Ce que 1968 a représenté dans la vie quotidienne des gens et singulièrement des femmes, on le sait assez peu. 68 a, dans une large mesure, oublié les femmes et leurs aspirations propres", écrit l'historienne et militante féminisme Michelle Perrot, dans la préface de Filles de mai, un collection de 22 témoignages de femmes, adhérentes à l'APA (Association pour l'Autobiographie), rassemblés sous la forme d'un dictionnaire.
Rapportés sans "aucune prétention exhaustive ou synthétique", ces témoignages racontent le mai 68 de ces Françaises qui avaient entre 15 et 54 ans durant ces événements qui ont bouleversé la France.
Elles parlent de sexualité, des carcans dans lesquels l'Église les maintient, d'éducation, d'aspirations professionnelles, des AG où les hommes monopolisent la parole et d'un mal-être "éprouvé dans leurs corps, leur couple, leurs amours, leur travail, leur tête". Un document précieux tant il est rare dans l'ensemble des écrits documentant cette révolution de printemps.
Filles de mai, 68 mon mai à moi, mémoires de femmes, préface de Michelle Perrot, postface de Ludivine Bantigny, éditions Le Bord de l'eau, janvier 2018, 180 pages, 16,50 euros.
Si l'historienne spécialiste en droits humains et droits des femmes Malka Marcovich a écrit cet ouvrage, c'est parce qu'il lui "semblait qu'il était temps de raconter ce que furent pour [sa] génération, enfant de Mai 1968, adolescente à l'époque de la loi Veil, les dérives de la révolution sexuelle, et comment celle-ci avaient pu affecter et réduire au silence des victimes de violences sexuelles".
Dès les premières page de L'autre héritage de 68, le ton est donné. Après avoir retracé l'Histoire des enfants de 1945 puis de la décennie 50-60, Malka Marcovich s'attaque aux événements de Mai 68, parle d'un "tsunami culturel", raconte l'arrivée des premiers sex-shops dans la capitale, et poursuit son récit avec les jeunes révolutionnaires de Mai 68, devenus professeurs dans des lycées, sympathisants avec leurs élèves, brouillant les limites et engageant avec elles ou eux des relations amoureuses ou sexuelles. On vous laisse découvrir le reste de cette sexualité à jamais impactée.
L'autre héritage de 68, la face cachée de la libération sexuelle, de Malka Marcovich, éditions Albin Michel, février 2018, 216 pages, 18 euros
Vous avez l'impression de tout savoir de Mai 68. L’incendie à la Sorbonne, vous connaissez "Dany Le Rouge", vous pouvez citer trois slogans des manifestations, dire ce que les manifestations ont entraîné... Et pourtant, cet ouvrage devrait vous en apprendre un peu plus sur cette suite d'événements.
Dans Changer le monde, changer sa vie, on ne parle pas de stars de cette révolution, ni même de Paris. L'enquête se concentre dans cinq autres villes françaises (Marseille, Lyon, Nantes, Rennes et Lille), raconte mai 68, bien sûr, mais s'intéresse tout particulièrement à la période 1966-1983 et consacre toute une partie à cette génération de militantes féministes et, dresse le portrait, cinquante ans plus tard, de ces anciens et anciennes révolutionnaires.
Changer le monde, changer sa vie, enquête sur les militantes et militants des années 1968 en France, sous la direction d'Olivier Fillieule, Sophie Béroud, Camille Masclet et Isabelle Sommier, avec le collectif Sombrero, éditions Actes Sud, mars 2018, 1120 pages, 28 euros
Wonder, c'est le nom d'une usine de piles dans laquelle travaille Renée. On est en mai 68 et, malgré elle, l'ouvrière va être prise dans les mouvements de grèves qui marqueront cette année-là.
Les lecteurs et lectrices vont découvrir dans ce roman graphique mai 68 à travers le regard d'une femme qui va s'émanciper grâce aux rencontres et aux événements de l'Histoire.
Wonder, de François Begaudeau (scénariste) et Elodie Durand (dessinatrice et coloriste), éditions Delcourt, septembre 2016, 144 pages, 17,95 euros
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.