En Normandie, un petit village sauvé par les femmes
Saint-Georges-du-Vièvre, en Normandie, revit grâce à l’ouverture d’une quinzaine de commerces presque tous tenus par des femmes.
Les commerces ferment, les centres se vident : la France rurale se meurt. Toute? Non. Car un petit village d'irréductibles Normands résiste encore et toujours à la désertification. Aux confins de l'Eure, Saint-Georges-du-Vièvre a de quoi faire pâlir d'envie toutes les communes de moins de 1.000 habitants. Ce bourg de 853 âmes affiche une vitalité insolente. "D'année en année, le village regagne en vie", se réjouit Stéphanie Guilluy dans sa boutique de couture. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil aux façades à colombages qui entourent la place de la mairie. Pas moins d'une quinzaine de commerces ouverts.
Logements sociaux et absence de supermarchés
Mais la particularité de Saint-Georges-du-Vièvre se trouve derrière la porte de ses échoppes. "J'ai remarqué ça en arrivant, s'esclaffe la couturière de 43 ans. On n'est que des femmes!" Ici, tous les patrons sont des patronnes. Christelle Kowolik, aux commandes de l'un des deux salons de coiffure du village depuis vingt-deux ans, fait figure d'ancienne. Elle a vu la féminisation de Saint-Georges-du-Vièvre s'ancrer durablement. "A chaque fois qu'un commerce ouvre ou est repris, c'est une femme qui s'y installe." Les prochains en date : un magasin bio et une pépinière… par des commerçantes.
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La situation géographique expliquerait cette résistance économique. Proximité avec Paris, résidences secondaires, villages alentour "où il n'y a plus rien". Et surtout, un horizon dégagé de zones commerciales et autres supermarchés. A la place, la municipalité a fait construire des logements sociaux qui ont contribué à un accroissement de la population de plus de 30% en vingt ans.
"Le commerce de proximité survit grâce à la bonne volonté des gens. Mais personne n'est riche
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Pizzeria, restaurant, bar, épicerie, prêt-à-porter, infirmerie, pharmacie, fleuriste… A Saint-Georges, les magasins se déclinent au féminin. Seule exception, la boulangerie. "Et encore, tout tient grâce à Sylvie", se marre Martial Richard, le propriétaire. L'employée quinquagénaire hoche la tête. Elle connaît tout le monde. "Je suis née là, sourit-elle en montrant le bar-tabac, de l'autre côté de la place. Ma mère tenait le bar, mon père travaillait à l'usine." Agriculture et usines, derniers secteurs qui embauchent un peu, seraient historiquement plus friandes de main-d'œuvre masculine. Noëllie Lebrun, 32 ans, a grandi là et a repris l'épicerie l'été dernier. Elle se souvient des cars Renault qui venaient chercher les hommes du village. Sa mère, elle, travaillait dans les boutiques, "en complément".
Encore aujourd'hui, cette répartition des rôles semble perdurer. "On ne pourrait pas en vivre à deux", soupirent en chœur Stéphanie et Christophe Callais, qui ont racheté il y a deux ans l'un des restaurants du village. Résultat, lui continue à travailler chez Bouygues quand elle peine à se dégager un maigre salaire. Même constat au bar, "le poumon du village", où la patronne ne se paie pas non plus. "Le commerce de proximité survit grâce à la bonne volonté des gens, confie un habitant. Mais personne n'est riche."
Un conseil municipal essentiellement masculin
Pour Stéphanie Guilluy, la couturière, une volonté d'émancipation a fait pérenniser ce besoin de revenu complémentaire. "C'est une région dure. Le milieu rural et ses hommes poussent les femmes à avoir un fort caractère. Ouvrir un commerce permet d'être indépendante, de gérer sa vie professionnelle et ses enfants."
A Saint-Georges-du-Vièvre, il ne subsiste qu'un bastion masculin. Le conseil municipal, sur 15 élus, ne compte que quatre femmes. Pour Sabrina Lelong, l'infirmière installée fin 2015, c'est lié : "Mieux vaut ne pas faire de politique quand on dirige un commerce, ça évite les problèmes." Quand on le fait remarquer à Stéphanie Callais, la restauratrice éclate de rire : "Ah c'est vrai. Faut qu'on s'attaque à ça aussi!"
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