Peu de femmes dans le monde du digital: par crainte d'être confrontées aux inégalités?

En Belgique, 13% des personnes qui ont fondé une start-up sont des femmes.

© ROBYN BECK - AFP

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Par RTBF La Première

Peu de femmes travaillent dans les nouvelles technologies, et pourtant c’est un secteur d’avenir. L’économie se digitalise, il y a des milliers d’emplois potentiels à la clé en Belgique pour les prochaines années et les femmes risquent de ne pas en profiter.

Un seul chiffre pour illustrer ça : 13,7% des fondateurs de Start-ups en Belgique sont des femmes. A Bruxelles c'est 8% alors que la moyenne européenne est à 15%. Un pourcentage qui ne risque pas d'augmenter puisque les études scientifiques (informatique, technologie, ingénieur,...) qui mènent a priori à ces métiers des nouvelles technologies, ne comptent qu'un quart de femmes.

Pour Loubna Azghoud, responsable d’une plateforme de femmes entrepreneurs, Women in Business, à Bruxelles, s'inquiète pour l’avenir. "Le danger est que les femmes vont être les plus précarisées puisque les premiers emplois qui vont disparaître sont souvent des emplois de femmes, les caissières, les secrétaires médicales, tout ce qui est remplacé par des "chatbots" ou des caisses intelligentes" explique-t-elle. Le digital est partout et "si on n’est pas dans le digital, on va sortir du marché".

Certains algorithmes, déjà sexistes

Le risques est également de reproduire les inégalités d’aujourd’hui. En effet, les études ne démontrent pas l'objectivité des robots qui partageront notre quotidien futur. Les robots et l’intelligence artificielle restent programmés par des humains qui prolongent nos codes sociaux dans la technologie.

"Certains algorithmes sont déjà sexistes ou il y a des robots qui ont déjà des réactions sexistes", dénonce Loubna Azghoud. "Ce qui est important, c’est que les femmes puissent aussi participer pour justement éviter ces biais sexistes qui pourraient s’insérer dans ces nouvelles innovations et permettre aussi des innovations qui vont servir aux femmes et aux hommes".

Des robots créés par les hommes, pour les hommes?

Exemple concret de ces biais de discrimination dans les technologies : il est prouvé que la reconnaissance faciale est plus fiable pour les hommes que pour les femmes, et encore plus pour les Blancs que pour les Noirs, simplement parce que ces programmes ont été plus testés sur des hommes blancs.

Ceci veut dire que les caméras de sécurité intelligentes qui détectent les visages de suspects dans la rue et qui se développent de plus en plus ou les scanners dans les aéroports, cette reconnaissance faciale qui va prendre de plus en plus de place dans nos vies risque de reproduire, par exemple, les délits de faciès que certains humains commettent déjà aujourd’hui.

Reste à comprendre pourquoi si peu de femmes créent des start-ups. Il y a les freins habituels : la discrimination à l’embauche, la difficulté de concilier la vie privée et la vie professionnelle, l’absence d’exemple inspirant. De plus, dans le monde de la technologie, les personnes considérées comme ayant réussi (Steve Jobs, Elen Musk, Mark Zukerberg,...), sont souvent des hommes. Aussi, certaines raisons sont peut-être plus spécifiques au milieu : la difficulté d’avoir des financements. Les investisseurs, les fonds d’investissement, font moins confiance aux femmes qui les sollicitent quand elles lancent une entreprise.

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