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Nataliya Kosmyna : Elle pilote n’importe quel objet connecté par la pensée - Match Avenir

La Rédaction (reportage et interview) et Thierry Carpentier (vidéo)

Informaticienne ukrainienne de 27 ans, Nataliya Kosmyna a mis au point une interface cerveau-ordinateur qui permet de contrôler toutes sortes d’appareils grâce à l’impulsion électrique produite par ses neurones. Avec elle, on n’aura même plus besoin de télécommande pour changer de chaîne sur son téléviseur .

Cela commence comme une séance de méditation. Les yeux fermés, Nataliya Kosmyna fait le vide dans sa tête. Elle se concentre, puis s’imagine en train de sauter. Le drone situé juste en face d’elle décolle. Elle visualise un mouvement de la main droite, l’engin file à droite. Puis elle pense à un mouvement des deux mains ensemble et le petit appareil se pose.

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800 euros : prix du casque Emotiv utilisé par Nataliya Kosmyna pour activer son logiciel. 10 minutes : le temps nécessaire d’adaptation pour diriger un drone.
800 euros : prix du casque Emotiv utilisé par Nataliya Kosmyna pour activer son logiciel. 10 minutes : le temps nécessaire d’adaptation pour diriger un drone. © L. Venance/Afp

De la magie ? Non ! De la science. Nataliya Kosmyna porte sur la tête un casque à électroencéphalogramme connecté en Bluetooth à son ordinateur. Cette Ukrainienne de 27 ans est chercheuse en informatique. Du genre surdoué. Débarquée en 2010 en France pour effectuer un master en intelligence artificielle, Nataliya, fille d’un neurologue, est aujourd’hui titulaire d’un doctorat et vient de fonder sa start-up, Braini. Elle a également reçu la bourse L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science, et a été classée parmi les dix meilleurs innovateurs de moins de 35 ans français par le MIT.

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Il faut penser à quelque chose de précis, comme un saut, et l’associer à une commande, comme décoller

A l’origine de cet impressionnant CV, il y a la création d’un algorithme permettant de piloter un drone par la pensée, de manière très simple, grâce à une interface cerveau-ordinateur. Le principe ? Associer l’activité électrique émise par le cerveau lorsque l’on pense à quelque chose de précis (par exemple un saut) à une commande (par exemple «décoller»). Pour cela, la jeune femme commence par enregistrer, grâce à un casque d’électrodes, l’activité électrique du cerveau de l’utilisateur lorsqu’il imagine un saut. Cette pensée parvient à l’ordinateur de la chercheuse sous la forme d’un électroencéphalogramme. Puis la jeune femme associe l’échantillon obtenu à une action. Ici, décoller. L’utilisateur n’a plus qu’à soulever le drone en pensant au même saut que celui imaginé pendant le paramétrage. «Pas si simple, car il est fréquent d’ajouter un détail à l’action imaginée, ou d’avoir des pensées parasites. Mais il suffit d’une dizaine de minutes pour y arriver», indique Nataliya Kosmyna, qui a fait des dizaines de démonstrations en public.
La suite ? La commercialisation d’un jouet fin 2018 par le biais de son entreprise, Braini. Et surtout le développement ­d’interfaces visant à faciliter la vie de personnes âgées, malades ou handicapées.

Ce «cerveau» permet de visualiser les zones en activité chez les personnes équipées d’un casque Emotiv (DR).
Ce «cerveau» permet de visualiser les zones en activité chez les personnes équipées d’un casque Emotiv (DR). © -

“D’ici quinze à trente ans, nous aurons tous des implants dans la tête”

Paris Match. Faire voler un drone par la pensée, ça sert à quoi ?
Nataliya Kosmyna, chercheuse en informatique et fondatrice de Braini. A rien ! Mais cela prouve qu’il est possible de contrôler une machine par la pensée, ce qui peut avoir des applications très utiles pour les personnes à mobilité réduite. J’ai par exemple développé un système permettant d’actionner par la pensée tout un tas d’objets connectés (lampe, télévision, machine à café, stores, portes, etc.) et un prototype de fauteuil roulant qui se dirige mentalement.

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Le 18 mars dernier, à l’hôpital de Grenoble, Nataliya procède à des tests avec des enfants malades. (DR).
Le 18 mars dernier, à l’hôpital de Grenoble, Nataliya procède à des tests avec des enfants malades. (DR). © -

 
Comment imaginez-vous l’avenir ?
D’ici quinze à trente ans, nous aurons tous des implants dans la tête. Cette technologie sera très facile à installer, grâce à une opération bénigne, un peu comme on se fait percer les oreilles. Cela évitera de porter un casque d’électroencéphalographie en permanence, car les interfaces cerveau-ordinateur se seront généralisées. Il sera notamment possible de piloter sa voiture par la pensée, de dicter ses SMS rien qu’en les imaginant, de surfer sur Internet sans toucher sa souris, de jouer aux jeux vidéo sans joystick, etc. Et parce que ces systèmes seront également capables de connaître notre état physique et émotionnel, notre environnement tout entier s’adaptera à nous. Le matin, avant même que vous y ayez réfléchi, votre machine à café saura si vous avez besoin d’un café au lait ou d’un double expresso corsé. Votre radio saura quelle station correspondra le mieux à votre humeur. Et votre voiture prendra le contrôle si elle ne vous juge pas en état de conduire.

N’importe quel objet connecté peut se commander grâce à son système. Comme ce petit droïde de «Star Wars» (DR).
N’importe quel objet connecté peut se commander grâce à son système. Comme ce petit droïde de «Star Wars» (DR). © -

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