Le socialiste espagnol Pedro Sanchez, arrivé au pouvoir après la chute du conservateur Mariano Rajoy, a présenté mercredi un nouveau gouvernement pro-européen et majoritairement féminin le 6 juin 2018

La composition de ce gouvernement est "le reflet du meilleur de la société" espagnole, "paritaire, intergénérationnel et ancrée dans l'UE", a déclaré Pedro Sanchez.

afp.com/JAVIER SORIANO

Pedro Sanchez vient de former le gouvernement le plus féminin de l'histoire de l'Espagne. Les 11 femmes et six hommes qui composent ce gouvernement, prêteront serment jeudi devant le roi Felipe VI.

Publicité

C'est aussi le plus minoritaire depuis le rétablissement de la démocratie et il n'ira probablement pas jusqu'au bout de la législature en 2020. Pedro Sanchez a d'ailleurs remercié son équipe d'avoir "accepter de servir pendant les prochains mois".

LIRE AUSSI >> Espagne: le premier astronaute du pays nommé ministre

Une équipe provisoire

Le Parti Socialiste ne dispose en effet que de 84 députés sur 350 et aura la marge de manoeuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, qui ont soutenu vendredi la motion de censure contre Mariano Rajoy.

En pleins préparatifs du Brexit au Royaume-Uni, et alors que l'Italie vient de voir se former un gouvernement eurosceptique, l'exécutif espagnol a volontairement un caractère pro-européen marqué. Sanchez, 46 ans et sans expérience du pouvoir, a ainsi nommé l'ancien président du parlement européen Josep Borrell aux Affaires étrangères et l'actuelle directrice du budget de l'UE Nadia Calviño à l'Économie.

La composition de ce gouvernement est "le reflet du meilleur de la société" espagnole, "paritaire, intergénérationnel et ancrée dans l'UE", a-t-il déclaré.

"Grève générale féministe"

Accordant une place prépondérante aux femmes, Sanchez a nommé Carmen Calvo, 60 ans, ancienne ministre de la Culture (2004-2007), comme vice-présidente du gouvernement. Elle dirigera un ministère de l'Égalité, une question prioritaire pour le gouvernement, trois mois après une "grève générale féministe" d'ampleur inédite le 8 mars.

L'ancienne procureure antiterroriste Dolores Delgado arrive à la Justice et l'ancienne juge de la Cour suprême Margarita Robles à la Défense. Isabel Celaa sera chargée de l'Éducation, Magdalena Valerio du Travail, Carmen Montón de la Santé.

Les femmes se sont vu confier tant de maroquins que la presse espagnole se demande si le Conseil des "ministros" (ministres au masculin) ne devrait pas être rebaptisée des "ministras" (au féminin).

Catalans, Basques et pro-européens

À côté de Nadia Calviño à l'Économie, Maria Jesus Montero prend le portefeuille des Finances. Assumant déjà cette responsabilité au gouvernement régional de l'Andalousie, elle avait ainsi dû pratiquer dans sa région les coupes claires dans les dépenses publiques ordonnées par le gouvernement conservateur.

Cette équipe devra respecter les "engagements européens" en matière de déficit public, qui doit être ramené cette année à 2,2% du PIB. Au nom de "la stabilité", Sanchez s'est engagé à conserver le budget de l'État 2018 élaboré par les conservateurs, en passe d'être examiné par le Sénat.

Autre figure pro-européenne, le chef de la diplomatie, Josep Borrell, 71 ans, est un Catalan opposé fermement à l'indépendance de sa région. À l'étranger, il aura à contrer ce qu'il appelle "la propagande" des indépendantistes catalans.

En interne, une autre Catalane sera chargée de dialoguer avec le gouvernement indépendantiste de Quim Torra: Meritxell Batet, Barcelonaise de 45 ans, nommée ministre de l'Administration territoriale. Une nomination surprise, le ministère de l'Intérieur est confié au magistrat basque Fernando Grande-Marlaska, qui a instruit des dossiers contre l'organisation indépendantiste armée ETA.

Publicité