Arabie saoudite : nouvelles arrestations de militantes des droits des femmes

Deux femmes ont été interpellées pour avoir exprimé leur solidarité avec d’autres détenus.

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Image d'illustration. AFP

    Deux militantes ont à leur tour été arrêtées en Arabie saoudite, où les autorités mènent une campagne « implacable » contre le mouvement pour les droits des femmes alors qu'elles doivent pourtant lever prochainement l'interdiction de conduire imposée aux Saoudiennes, a indiqué Human Rights Watch (HRW) mercredi.

    Nouf Abdelaziz et Mayaa al-Zahrani ont été arrêtées dans le courant du mois de juin, précise l'ONG basée à New York.

    « Les autorités saoudiennes ont arrêté encore deux militantes […] dans le cadre de ce qui apparaît comme étant une répression implacable du mouvement pour les droits des femmes », souligne HRW.

    Des militantes pour le droit de conduire et la fin de la tutelle masculine

    « Des militants saoudiens ont rapporté que les autorités ont imposé des interdictions de quitter le territoire à nombre d'entre eux depuis le 15 mai ». Les autorités saoudiennes n'ont pas réagi dans l'immédiat.

    Elles avaient annoncé le 3 juin avoir arrêté 17 personnes soupçonnées d'avoir « porté atteinte » à la sécurité du royaume. Selon des associations de défense des droits de l'Homme, parmi elles figurent de nombreuses femmes qui militaient pour le droit de conduire et la fin de la tutelle masculine.

    Nouf Abdelaziz a été arrêtée après avoir exprimé publiquement sa solidarité avec ces détenus. Mayaa al-Zahrani a été interpellée quelques jours plus tard, écrit HRW, ajoutant que les deux femmes sont en détention au secret. L'arrestation de Mme Zahrani est intervenue après qu'elle a diffusé une lettre que Mme Abdelaziz lui avait demandé de rendre publique au cas où elle serait arrêtée, signale encore l'ONG.

    « Le gouvernement semble déterminé à ne laisser aucun espace à ses citoyens »

    « Le gouvernement saoudien semble […] déterminé à ne laisser aucun espace à ses citoyens même pas pour exprimer un soutien rhétorique à des militants emprisonnés », a déclaré la directrice Moyen-Orient de HRW, Sarah Leah Whitson. Le parquet avait indiqué le 3 juin que huit des 17 personnes arrêtées au cours des dernières semaines avaient été « temporairement libérées » en attendant la fin de l'enquête.

    Neuf suspects, parmi lesquels quatre femmes, sont restés en détention. Ils auraient notamment « avoué » le contact avec des organisations « ennemies » et le recrutement de personnes occupant des postes gouvernementaux sensibles, avait indiqué l'agence saoudienne SPA. Les personnes interpellées sont accusées d'avoir « coordonné des activités portant atteinte à la sécurité et à la stabilité du royaume ». Des médias proches du pouvoir ont affirmé que parmi ces personnes se trouvaient des traîtres et « des agents d'ambassades » de pays étrangers.Les militants concernés ont dénoncé des allégations « diffamatoires ».

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    Cette répression suscite de vives critiques sur le plan international, jetant une ombre sur la politique de modernisation impulsée par le prince héritier Mohammed ben Salmane.