Il connaît un essor fulgurant avec un chiffre d’affaires de plus de 8 milliards d’euros en 2017, en croissance de 17 % en un an. Réputé bon pour la planète et pour la santé, le bio a réussi à séduire des consommateurs de plus en plus inquiets par ce qu’il y a dans leur assiette. Or en s'industrialisant, il verse dans des pratiques controversées jusqu'alors propres au conventionnel.

1. Le bio n’assure pas une juste rémunération des producteurs
La juste rémunération des producteurs est LE sujet du moment, porté par les débats sur la loi alimentation. Et la filière bio n’y échappe pas. Son industrialisation a développé les mêmes mauvaises pratiques que dans le conventionnel, notamment dans les conditions de travail et la juste rémunération des producteurs. Le label AB ne repose globalement que sur des critères sanitaires. Ainsi, rien n’empêche de manger des tomates bio "cultivés par des travailleurs sans papiers et sous-payés du sud de l’Espagne", alerte Claude Gruffat, président de Biocoop, enseigne historique du bio.
2. Le bio ne garantit pas toujours le bien-être animal
Si les conditions d’élevage sont globalement meilleures en bio – accès à l’extérieur, densité moindre dans les bâtiments, alimentation saine, recours aux médecines douces – certaines pratiques restent autorisées. La castration (sous anesthésie ou analgésie), l’épointage du bec, l’écornage et le raccourcissement de la queue des agneaux ne sont ainsi pas interdits.
La durée du transport des animaux d’élevage est réduite au minimum et se fait sans calmants, ni stimulation électrique. En revanche, une fois arrivés à l’abattoir, les animaux bios subissent le même sort que les autres : ils sont étourdis avant d’être électrocutés, asphyxiés ou directement saignés, avec parfois des ratés comme a pu le montrer l’association L214 dans ses vidéos.
3. Le bio peut contenir des pesticides
C’est un chiffre peu connu : 15 % des produits labellisés bio contiennent des pesticides. C’est la conclusion d’un rapport de l’EFSA, European Food Safety Authority qui a trouvé des résidus de fongicide, herbicide ou insecticide dans 15 % des 5 000 aliments bio analysés.
Comment est-ce possible ? Les fermes bio peuvent être contaminées par les épandages de leurs voisins qui exploitent en conventionnel. Le label européen, illustré par une feuille, n’impose pas d’obligation de résultat sur les produits finis, mais interdit l’utilisation volontaire de pesticide pendant la production. Dans le conventionnel, le taux de pesticides grimpe à 97 %. 
4. Le bio ne signifie ni local ni de saison
En France, trois produits bio sur dix ont été importés. Dans la moitié des cas, ils ont voyagé en camion ou en train à travers l’Europe et dans l’autre moitié des cas, par avion ou bateau depuis les régions tropicales du monde entier, avec un bilan carbone très lourd. 43 % des importations concernent ainsi des produits exotiques comme la banane, le chocolat ou encore le café qu’on ne peut pas faire pousser chez nous.
Faut-il alors se tourner vers le local ? La réponse n’est pas si simple. Entre une fraise bio cultivée sous serre dans le sud de la France et une fraise bio cultivée à ciel ouvert en Espagne, c’est la seconde qui l’emporte en matière d’impact carbone. Finalement, c’est la notion de saisonnalité qui doit primer en évitant par exemple de manger de tomates en hiver, même si elles sont estampillées bio.
5. Le bio n’empêche pas les nitrites
Des jambons bio au nitrite. Oui, c’est possible. La réglementation européenne autorise l’utilisation de ces additifs très controversés car probablement cancérogènes dans la charcuterie. Ils sont utilisés pour lutter contre le botulisme, affection neurologique qui prolifère dans les aliments non-conservés. Mais, leur emploi permet aussi au jambon notamment d’être rose. Sa couleur naturelle étant le gris. Pour être certifié bio, les charcuteries doivent être limitées à 80 mg de nitrite par kilogramme. Biocoop et la marque Rostain proposent du jambon bio sans nitrite.

Reste que l’agriculture bio est, en général, plus respectueuse de l’environnement que la conventionnelle. D’autant que certains labels, suivis par des enseignes historiques, ont intégré des critères sociaux, environnementaux et équitables dans leur cahier des charges, faisant du bio un modèle bien plus cohérent, malgré ses marges d’amélioration. 
Concepcion Alvarez, @conce1 et Marina Fabre @fabre_marina 

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