Camille dit tout haut ce que les femmes vivent tout bas !

 

 Par Delouison

 

Fondatrice du compte Instagram @jemenbatsleclito, qui est Camille ?

Je suis une femme de caractère de 22 ans au parcours atypique, car rien ne me prédestinait à faire ce que je fais aujourd’hui. On me considère aussi comme influenceuse sur la sexualité, ce qui me fait beaucoup rire !

 

Quel est l’objectif de ton compte Instagram @jemenbatsleclito ?

Mon objectif est de pouvoir aborder tous les sujets que les hommes et les femmes, mais surtout les femmes, considèrent comme tabous. Je veux m’immiscer dans la tête de chaque femme pour relater ce qui se passe dans nos culottes, nos têtes et nos corps. Libérer la parole et surtout raconter aux hommes ce à quoi nous sommes confrontées. On ne peut pas leur en vouloir si on ne leur dit pas !

Ce compte, je l’aborde vraiment avec un côté très spontané, cash, franc et brut de décoffrage. J’estime qu’à l’heure actuelle c’est ce dont on a besoin. On ne peut plus passer par quatre chemins. Tout le monde en a marre !

 

Comment as-tu décidé de te lancer ?

Je voulais devenir la première Cheffe femme française noire, étoilée au Guide Michelin. Puis mon expérience dans la cuisine a été révélatrice. J’ai subi le sexisme, le machisme, le racisme pendant 4 ans. Je me suis aussi rendue compte que mes amis ignoraient tout de la femme et de sa sexualité. C’est pourquoi j’ai décidé de raconter ce qu’est véritablement notre vie, avec humour, fraîcheur et simplicité! Je travaillais 15 heures par jour et je gérais un compte Insta qui était un train d’exploser. Au bout de trois mois, j’ai décidé de me concentrer sur mon compte, en me disant : «saisis ta chance, tu as 22 ans. Si ça ne fonctionne pas tu prends tes couteaux et ta mallette et tu y retournes !». Aujourd’hui, j’aimerais trouver un projet où je pourrais allier cuisine et sexe.

 

Quels sont tes projets en cours et à venir ?

J’ai créé ma marque de vêtement qui s’appelle «Je m’en bats le clito». Il s’agit d’une marque éco-féministe qui propose des t-shirts et des tote bags en coton bio, issus du commerce équitable 100% made in France. C’est une marque qui met à l’honneur le clitoris. Je collabore uniquement avec des designers issues de ma communauté Insta.

Je vais sortir un livre intitulé Je m’en bats le clito qui s’inscrit dans la continuité du compte. Je me mets à nue en racontant comment j’en suis arrivée là. Il y a bien sûr les 90 punchlines du compte qui ont engendré le plus de réactions, mais aussi des post inédits sur les témoignages de ma communauté et des informations pratiques (les 10 restaurants dans lesquels il faut absolument aller manger, des hommages aux suffragettes, etc).

J’aimerais aussi m’orienter vers du théâtre, de la télévision ou de la radio. Un one women show, Je m’en bats le clito !

 

Quels sont tes sujets de prédilection ?

Le sexe, la cuisine, l’art, les voyages, car tous les 5 ans j’ai déménagé entre le Niger, la France, l’Espagne et puis Madagascar. Je suis assez créative quand il s’agit de trouver des idées ou de créer des concepts.

 

Une anecdote marrante dans le cadre de ton travail ?

Au sein de ma maison d’édition, il n’y a que des femmes sauf mon directeur d’édition : Édouard. Lors d’un rendez-vous au Pain Quotidien, je lui dis qu’en tant que féministe, je ne déteste pas les hommes. Au contraire, j’essaie de les inclure au maximum dans tout ce que je fais. Au moment où je dis ça, la serveuse s’approche car elle n’arrive pas à ouvrir le pot de confiture. Elle le donne instinctivement à Edouard en lui disant : « Monsieur, excusez-moi de vous déranger, mais vous faites parti des seuls hommes dans la salle, est-ce que vous pouvez l’ouvrir ? ». Il n’y arrive pas. Je prends le pot et en 2 secondes je l’ouvre. C’était drôle car on avait commencé la discussion là-dessus, sur justement ces clichés à abattre !

 

Une galère à raconter ?

D’un point de vue personnel, la peur de dire aux mecs ce que je fais car tout de suite ils se braquent. C’est compliqué de trouver quelqu’un qui puisse dissocier qui je suis de ce que je fais.

 

Où est-ce que tu te vois dans 5/10 ans?

À Madrid parce que j’y ai vécu pendant 5 ans et que je m’y sens tellement bien. C’est un confort, un style de vie qui me va totalement. D’ailleurs, je me sens bien plus espagnole que française ! Sinon, je me vois toujours avec mon compte Je m’en bats le clito qui sera plus un cri de guerre, qui osera parler de tout. J’aimerais bien avoir des enfants aussi !

 

Depuis quand es-tu féministe ?

Depuis toujours ! J’ai reçu une éducation féministe en prenant conscience, qu’être féministe ce n’était pas un métier, une formation ou un milieu, mais plutôt une chose que tout le monde devrait être ! J’ai eu le format papa à la maison et maman qui travaille. Certaines choses n’ont pas eu le temps de se mettre en place d’un point de vue clichés, format familial et c’est tant mieux ! Mon père ne m’a jamais dit qu’il était féministe, il l’a prouvé. Beaucoup d’hommes ont peur du mot, mais par leurs actes et leurs pensées ils sont féministes et c’est ce qui compte.

Le combat que je menais dans la restauration, à savoir, s’imposer en tant que femme noire, dans un milieu où excellent des hommes blancs, c’était une bataille constante. Je m’en bats le clito c’est l’aboutissement de ma pensée.

 

Es-tu engagée auprès d’associations, de causes spécifiques ?

Une partie des bénéfices de ma marque de vêtements JMBLC sera reversée à des associations féministes. Une association qui s’appelle « Parler », à l’initiative de la campagne du « Point Noir ». Une autre association à Madagascar « Made For A Women » qui s’engage pour l’artisanat des femmes. L’idée c’est un produit, une femme, une histoire qui va leur permettrent de s’émanciper car elles auront une autonomie financière.

 

Qu’est-ce qui te plaît dans L’importante ?

J’ai adoré le côté, d’abord il y avait L’Important, puis on s’est rendu compte qu’il fallait créer L’Importante car quelque chose manquait. En plus c’est une affaire familiale donc je suis fan ! Puis c’est donner la parole et plus de visibilité aux femmes. C’est parler de nous à travers le monde.

 

Merci à Camille pour son humour, sa joie de vivre et sa bienveillance. 

Pour suivre son aventure sur Instagram @jemenbatsleclito et pour acheter son livre c'est par  ici

 

 
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