Valérie Hirschfield fait de son handicap une force

 

Je m'appelle Valérie Hirschfield, je suis née en 1964 à Toulon dans le Var. Il y a 14 ans, je suis tombée malade, j'ai enchaîné les opérations car ma jambe gangrenait et puis au bout de quelques mois : l'amputation. J’en ai eu tellement marre d'avoir été alitée pendant des mois, et d'avoir vu tellement de blouses blanches : j’ai décidé de rentrer chez moi. Ma vie de maman reprend et du coup pas de rééducation ni de prothèse pendant les 10 premières années qui ont suivi l'amputation.

  

Comment votre handicap a changé votre vie et votre vision de la vie ?

Un handicap change beaucoup de choses dans une vie, car on doit apprendre à faire des choses différemment. Il y a le regard et souvent les commentaires des passants dans la rue qui peuvent blesser. Mais on a le choix, et j'ai fait celui d'avancer. On remet souvent les choses à demain, mais quand on a été à deux doigts de la mort, et qu'on a la chance de s'en sortir, on change vite. Je me fais plaisir : je fais des défis un peu fous, pour une personne qui n'a qu'une jambe. Et c'est ça qui m'aide à avancer. Je teste mes limites, c'est un peu un jeu pour voir jusqu’où je peux aller.

 

Vous avez relevé nombre de défis. Le 13 mars 2019, vous avez gravi les 1665 marches de la Tour Eiffel en 52 minutes ! Que représente ces défis ?

En septembre 2015, je suis allez faire une course de paddle aux Pays-Bas. J'ai réussi à faire 180km sur les 220 prévus. J’y suis retourné l’année suivante et là j'ai réussi mes 220km. 

Je fais un peu de surf également. J’ai fait 4 ans de tennis en fauteuil et un peu de tennis debout avec prothèse. Je fais aussi du snowboard et j’ai testé le flyboard. Le sport que je voudrais vraiment arriver à faire régulièrement, c'est la planche à voile.

Ma première course d'escaliers était à Marseille en mars 2018 (25 étages, 482 marches en 12 minutes), et je suis redescendue et je les ai remontées. Et je me suis dit que je pourrais allez un peu plus haut la prochaine fois. Alors je me suis inscrite à la Tour de Montparnasse : j'ai gravi les 1000 marches / 60 étages en 32 minutes. Un mois plus tard je montais les 784 marches du plan incliné de Ronquières à Bruxelles en 19 minutes.

Le 13 mars 2019, j’ai gravi la Tour Eiffel - 276 mètres / 1665 marches. Le plus beau des défis : la plus belle des tours.  Ce n’est pas facile avec des marches d'escaliers quelque fois glissantes, un vent qui souffle fort et le froid. Mais je pense à ça tout le temps et quelle fierté de l'avoir réalisé chaque fois que je vois la Tour Eiffel. J'espère que l'année prochaine, j'aurais la chance de le refaire et d’améliorer mon chrono.

À part les défis il y a aussi les bonnes causes. Comme la No Finish Line : pour chaque kilomètre parcouru l'organisation reverse 1€ pour soutenir des projets en faveur d'enfants défavorisés, j'en ai fait 4 en un an.

 

Pouvez-vous nous raconter votre dernière performance ?

En mai dernier, j'ai gravi les 954 marches de la Tour First de la Défense en 25 minutes.

 

Comment vous êtes vous préparée pour cette performance ?

Je sais que si je m’entraîne un peu pour toutes ces courses, mes chronos seraient largement meilleurs – mais je ne m’entraîne jamais pour ça, les seuls escaliers que je monte sont ceux du quotidien.

 

Avez-vous déjà un prochain défi en tête ?

Mon prochain défi sera en septembre 2019, je remonte les marches de la tour de Montparnasse, mais cette fois 2 fois - au total 2000 marches / 120 étages.

 

Quels conseils donneriez-vous à des personnes en situation de handicap ?

La vie est belle, même avec un handicap. Il ne faut pas la gaspiller. Il ne faut pas "arrêter" de vivre, il faut juste avancer le mieux possible. Il faut passer outre les regards et les mauvais commentaires qu'on peut recevoir.  Soyez fier de qui vous êtes et de votre différence.

 

Pour suivre les aventures de Valérie sur Instagram : @val_hirschfield

 
LIRE NOS AUTRES INTERVIEWS
Cliquez pour rejoindre
notre communauté!